L’agriculture urbaine
Dans un monde de plus en plus urbanisé, devant faire face à des pénuries alimentaires et à différents défis environnementaux, l’agriculture urbaine s’impose comme l’une des solutions à ces problèmes. Cette forme d’agriculture en ville rencontre un succès grandissant. Cependant, cela implique de repenser les relations entre les villes et les espaces agricoles. Nous vous expliquons dans cet article ce qu’est l’agriculture urbaine, ses avantages mais aussi les différentes formes sous lesquelles elle peut se décliner.
Qu’est-ce que l’agriculture urbaine ?
La FAO (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) définit l’agriculture urbaine comme une pratique agricole dans les villes ou à proximité de celles-ci qui mobilise des ressources (foncières, hydriques, ou encore humaines par exemple) pour lesquelles il existe un usage alternatif.
Elle consiste à utiliser de plus ou moins grandes surfaces (terrain vague, jardin, balcon, toit, récipient, etc…) présentes à l’intérieur des villes pour cultiver des plantes et/ou élever des animaux en vue de satisfaire différents besoins de la population urbaine.
Ce type d’agriculture est reconnu par la FAO comme une nécessité afin de permettre le développement durable.
Les avantages
Comme nous l’expliquions dans un article précédent concernant l’urbanisation durable, l’agriculture urbaine présente un grand nombre d’avantages.
Avantages écologiques
- Aujourd’hui, diminuer les émissions de CO2 devient un enjeu primordial pour chacun. Comme nous l’avons déjà expliqué plusieurs fois au travers de nos articles, les végétaux constituent une arme contre ce phénomène car elles absorbent 30% du CO2 mondial. De ce fait, multiplier les végétaux au sein même d’une ville à ne pas négliger.
- Suite à l’été 2019, nous avons pu apercevoir l’impact du réchauffement climatique au sein des villes. Certaines villes deviennent alors de véritables îlots de chaleur. L’agriculture urbaine permet de faire baisser ces températures. En effet, créer des espaces de verdure permet de réduire la chaleur mais aussi d’accentuer le drainage des eaux de pluie.
- Entre préservation et restauration de la biodiversité en ville, l’agriculture urbaine joue dans cette dynamique un rôle évident. En installant des potagers, des plantes ou encore des arbres, de nombreux habitats favorables aux pollinisateurs sont créés.
Avantages économiques
- Ce type d’agriculture permet d’augmenter la valeur foncière des habitations. En effet, une résidence ayant un jardin partagé sur le toit par exemple, prêtant à une augmentation de la valeur du bien. De même pour une maison située près d’un jardin communautaire.
- L’agriculture urbaine favorise la création d’emplois. Que ce soit pour le jardinage, la récolte ou encore la livraison. De même, depuis le début, de nombreux commerces ont vu le jour dans les villes.
- Elle permet également de réduire les coûts de récupération des déchets mais surtout ceux des transports !
Avantages sur la santé
- L’agriculture au cœur des villes répond à une demande croissante des citadins de (re)tisser des liens avec la nature et des produits frais.
- Elle permet aussi de pratiquer une activité physique en extérieur.
- Autres effets thérapeutiques bénéfiques du jardinage : réduction du stress, amélioration de la santé émotionnelle, stimulation cognitive, sentiment de fierté et d’accomplissement.
Les différents types
L’agriculture urbaine peut se décliner de différentes manières : Qu’ils soient individuels ou partagés, tout le monde peut la pratiquer. Chez vous sur votre terrasse ou balcon, dans un jardin collectif ou encore une ferme, le plus important et d’y prendre un maximum de plaisir.
Jardins collectifs et partagés
Un jardin partagé est un jardin conçu, construit et cultivé collectivement par les habitants d’un quartier ou d’un village. Réunis en association, les habitants gèrent le jardin au quotidien et prennent les décisions ensemble. De ce fait, chaque projet est unique par son aménagement et sa gestion.
Ce sont de petits oasis de verdure souvent installés au plus près des habitations pour s’y rendre à pied.
Ces jardins se fondent sur des valeurs de solidarité, de transmission, de convivialité et de partage entre les générations. Ils sont faits pour tous. Ainsi chacun peut devenir membre simplement pour le plaisir de s’y promener, d’y flâner ou bien sur d’y jardiner. Le grand public est invité à y entrer souvent par parrainage.
Vous pouvez retrouver sur internet un grand nombre de cartes situant les jardins en fonction des associations.
Les fermes urbaines
Conséquence directe de l’urbanisation, les surfaces cultivables sont de plus en plus réduites. Face à ce constat, il n’est pas surprenant de voir pousser au sein même des villes des initiatives innovantes prônant des solutions alimentaires d’hyper proximité.
Toujours selon la FAO, en ville, une superficie d’un mètre carré optimisé et adapté à l’agriculture peut générer 20 kilos de nourriture par année. C’est pourquoi les fermes urbaines rencontrent un véritable succès dans les grandes villes métropoles où elles s’installent. Qu’ils soient privés ou publiques, les projets se multiplient. Généralement installés sur les toits, elles occupent néanmoins d’autres lieux plus inhabituels.
La Caverne
Installée dans les sous-sols parisiens, cette entreprise utilise un parking de 9.000m² situé au niveau -2 dans le XVIIIème arrondissement.
Cette fois-ci, ce sont les champignons et les endives qui sont cultivés. L’hydroponie remplace la pleine terre, l’air pollué provenant de la surface est filtré, l’absence de lumière est compensée par les éclairages LED horticole 100% renouvelable (donc faible consommation) et les seules voitures utilisées pour les livraisons sont électriques.
Leur production s’élève à 500 kilos de champignons et 1 tonne d’endive, tout cela par semaine.
La plus grande du monde ouvrira ses portes au printemps 2020.
La plus grande du monde
Il existe déjà plusieurs fermes sur les toits parisiens. Cependant, d’ici le printemps devrait ouvrir la plus grande ferme urbaine du monde. En effet, le toit du futur parc des expositions (actuellement en construction) va accueillir 14.000m² de potager, soit l’équivalent de deux terrains de foot. Ce projet comptera deux exploitants spécialisés dans l’agriculture urbaine : Agripolis et Cultures en ville.
Un total de 22 maraîchers travailleront sur le site et pourront récolter jusqu’à 1 tonne de fruits et légumes par jour en saison.
Les Parisiens qui ont la main verte pourront eaux aussi en profiter en louant un lopin de terre. Différentes activités seront présentes, comme des visites pédagogiques, un bar ou encore un restaurant.
Les produits frais issus de cette culture seront utilisés pour nourrir les habitants du sud-ouest de la ville, mais ils seront aussi à la vente sur place ou à la carte du restaurant.
Fermes verticales
La notion de « ferme verticale » regroupe divers concepts visant à cultiver des quantités significatives de produits alimentaires dans des tours, des parois ou encore des murs afin de réduire l’emprise au sol. Parfait pour la ville, ce type d’agriculture est désormais courant au Japon et aux Etats-Unis, les fermes verticales high-tech commencent à sortir de terre en France. Les prémices d’une nouvelle agriculture augmentée, en plein cœur des villes. Toujours pour répondre à un besoin et une demande grandissante de consommation de produits en circuit court.
Grâce à différentes avancées technologiques dont notamment l’apparition des ampoules à LED, ce type d’agriculture est maintenant rentable. Avant cela, la consommation d’électricité faisait monter drastiquement la facture.
L’entreprise Bowery Farming a rejoint en 2015 le secteur en plein essor des fermes verticales. Installée à quelques kilomètres de New York, elle est spécialisée dans la production de salades et de plantes aromatiques. Employant plus de programmeurs que d’agronomes, cette société affirme être 100 fois plus productive au mètre carré qu’un terrain agricole traditionnel tout en utilisant 95% moins d’eau.
Suite à une étude menée par le ministère de l’Agriculture, 90% des unités de production sont en Asie et notamment au Japon qui détient près de 200 fermes.
Apiculture
Depuis les années 2000, nous assistons au retour massif des ruches en milieu urbain. Depuis, de nombreux ruchers émergent chaque année dans des villes telles que Paris, Londres, New York ou encore Toronto.
L’apiculture urbaine s’inscrit dans un mouvement mondial pour la sauvegarde de cette espèce si importante à notre agriculture et dont la survie apparaît de plus en plus menacée. Par leur travail de pollinisation, elles contribuent en contrepartie à la reproduction des végétaux et à l’abondance des récoltes urbaines.
Avec plus de 2000 ruches sur ses toits, Paris dispose de différents avantages par rapports à la campagne :
- Pas ou très peu de pesticides : Depuis 2007, la mairie parisienne interdit l’utilisation de produits phytosanitaires sur les espaces verts gérés par la ville, et depuis 2019, cela est aussi valable pour les particuliers.
- Plus grande variété de fleurs et d’espaces végétales qu’en zone rurale. Cela apporte donc la possibilité aux abeilles de trouver de la nourriture toute l’année en suivant la saisonnalité.
Il fait légèrement plus chaud en ville qu’à la campagne : 1 ou 2 degrés de plus. Cette conséquence de l’activité intensive des villes permet aux colonies d’abeilles de moins souffrir de la dureté de l’hiver.
De ce fait, des chercheurs ont constaté que le taux de mortalité en zone rurale varie entre 30 et 40% alors qu’en milieu urbain il n’est « que » de 5 à 10%.
Bien que les solutions évoquées tout au long de cet article soient viables et actuellement utilisées, la production des cultures en environnement urbain n’est pas prête à remplacer l’agriculture conventionnelle en plein air et même sous serres. Cependant, elles interrogent les consommateurs et les citoyens sur l’avenir de la production agricole et sur l’évolution des techniques employées pour cultiver des fruits et des légumes.
Ainsi, il est essentiel de poursuivre les recherches allant dans ce sens pour à court terme apporter des produits frais aux zones où il en manque, et à long terme nourrir une planète toujours plus peuplée tout en étant bousculée par le changement climatique.
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